La France, l'Europe, le Monde s'enfoncent dans la récession, la plus terrible depuis plusieurs générations, car elle est mondiale, aucun pays n'en réchappe vraiment.
On en a connu d'autres diront certains.
Ce n'est pas évident, en tout cas de mémoire d'homme. Un ou deux milliards au dessous du seuil de pauvreté absolue (2 ou 3 euros euros par jour), des millions de français au dessous du seuil de pauvreté relative (22 euros par jour), au moment même où la croissance démographique continue à exploser en Afrique, alors que l'on annonce une croissance zéro au niveau mondial.
On ne peut rien y faire diront d'autres.
D'autres enfin, de plus en plus nombreux, crient leur désespérance avec des slogans venus d'un autre âge, mais qui recueille de plus en plus d'échos. Il faut changer le système, mort aux patrons profiteurs, à bas le capitalisme avide.
Notre président se démène comme un beau diable, en annonçant jour après jour de nouvelles mesures. Il ne s'agit pas ici de critiquer son énergie, voire son activisme, et de donner de bons et mauvais points aux mesures proposées, ou aux éventuelles contre-mesures proposées, soit par l'autre extrémité de l'échiquier politique, soit par les syndicats qui clament le désespoir réel de leur base en continuant à répéter "le compte n'y est pas".
Une véritable 'rupture' s'impose.
Mon point est tout autre. Comme je l'ai déjà écrit ailleurs, ce ne sont pas des mesures classiques, aussi bienvenues soient-elles, qui feront sortir la France de sa dépression actuelle, dépression où se mêlent de nombreux aspects, économiques, sociaux, politiques, voire moraux. Je ne sais pas s'il faut 'repenser' entièrement le système, mais il faut pour le moins prendre des mesures radicales.
Nos entreprises sont en berne, notre pouvoir d'achat stagne, les services publics sont remis en cause, le système financier et bancaire est discrédité. Comment peut-on croire que des mesures 'classiques' peuvent nous tirer de ce marasme, comment peut-on croire qu'un seul homme, aussi compétent soit-il, qu'une seule équipe, aussi honnête soit-elle, puissent apporter des solutions, voire LA solution.
Je ne fais ici aucun procès d'intention, mon propos encore une fois n'est pas politique, on peut être ou non d'accord avec ce qui est annoncé, trouver que telle ou telle catégorie de français est plus ou moins avantagée par telle mesure.
Mais sans une vision et une réflexion d'ensemble, collectives, je crains, j'affirme même que tout cela ne servira à rien. Les Etats Unis ont mis 10 ans à sortir de la crise de 1929, beaucoup moins 'mondiale' que maintenant - et certains historiens prétendent même qu'il a fallu une guerre mondiale pour cela.. Je prétends de plus que la crise actuelle, si l'on se contente du saupoudrage actuel, risque de durer plus longtemps encore, le poids de la France dans le concert des nations étant sans doute inférieur à ce qu'était le poids des USA en 1929.
Chacun sent bien qu'il faut relancer la consommation, mais les divergences portent sur les moyens d'y parvenir.
Le patronat s'oppose à un relèvement des salaires et du SMIC - ce en quoi ils ont raison, la plupart des entreprises n'en ont pas les moyens.
Les syndicats et diverses associations demandent un relèvement du pouvoir d'achat - là encore à juste titre.
Le gouvernement, qui considère - à juste titre là aussi - que les entreprises hexagonales ne sont pas assez compétitives, se cramponne à une relance par l'investissement, qui n'est pas vraiment à l'ordre du jour, en cédant simplement sur quelques mesures sociales d'accompagnement.
De cette équation à plusieurs variables, que tire t-on? La baisse des charges sociales, en particulier patronales? Pourquoi ne pas appeler un chat, un chat. Si on réclame l'aide de la collectivité, de l'état, donc de nous tous, pourquoi faudrait-il nécessairement qu'il faille faire appel soit au système qui a failli - le système financier-bancaire - soit à des entreprises privées - aussi efficaces soient-elles - pour bénéficier ou répartir la 'manne' collective.
La seule façon efficace de relancer la consommation, c'est de permettre aux consommateurs potentiels de ... consommer, en utilisant pour cela les ressources de la collectivité.
Rappelons tout d'abord que le PIB français, en 2008 - j'oublie ici le problème du déficit commercial, qui a fait l'objet d'un autre billet - se décompose grosso modo en 75% de consommation 'privée' - biens et services fournies par les entreprises privées - et de 25% de consommation 'publique', pour un total de l'ordre de 1800 milliards (soit environ 1250 euros mensuels par habitant).
Faisons donc en sorte, sans nécessairement modifier a priori ces équilibres - qui devront faire l'objet d'une deuxième mesure, un Grenelle global, que je préciserai ci-dessous - qu'une partie non négligeable de la consommation future, celle de 2009, soit assurée par une demande solvable.
L'instauration du Revenu Minimum de Dignité, 625 euros mensuels par adulte, c'est à dire un peu moins du quart du PIB moyen, ferait en sorte d'assurer le financement automatique du tiers de la consommation privée, et sans doute beaucoup plus pour nos compatriotes les plus démunis. Pouvoir compter sur un revenu assuré de 625 euros par mois, que l'on ait ou non un travail, cela change la donne.
J'ai montré par ailleurs comment le financement de ce RMD pouvait être assuré en année pleine, tenant compte de toutes les prestations sociales qui disparaîtraient de ce fait.
Rappelons que l'on arrive à un financement nécessaire d'environ 10 milliards d'euros par mois. Rappelons aussi que cela correspond simplement à une création monétaire 'anticipant' la relance de la consommation. C'est donc plus un prêt et un pari sur l'avenir qu'une véritable dépense 'à fonds perdus'. Rappelons enfin que le RMD n'a rien à voir avec le SMIC, le RMI ou le RSA. Le RMI et le RSA devraient disparaître, quand à l'avenir du SMIC, ce sera aux divers partenaires sociaux d'en débattre, à l'occasion de ce fameux Grenelle dont je vais maintenant parler.
Un nouveau Grenelle, pourquoi et comment?
Les objectifs de ce Grenelle sont assez simples à préciser, même s'ils sont beaucoup plus difficiles à obtenir.
Il faut tout d'abord fixer un délai raisonnable à la tenue de ce Grenelle. Trois mois de réflexion et de débats contradictoires semblent raisonnables. Il semble en effet impossible de faire un travail sérieux plus rapidement, et l'ampleur de la crise ne peut permettre d'y consacrer beaucoup plus de temps, hélas.
En ce qui concerne les objectifs, l'objectif le plus important semble être celui-ci: celui de la 'composition' du gâteau national: quelle part pour la 'consommation privée', quelle part pour la 'consommation publique(santé, éducation, sécurité, justice, etc.), quelle part pour l'éventuel investissement.
Le deuxième objectif consiste à tenter d'évaluer l'efficacité de notre système productif, privé comme public, ce qui n'est sans doute pas une mince affaire. Pour le privé, le 'marché' semble un bon indicateur, même si en tant que consommateur chacun trouvera que l'on paye trop cher les produits ou les services proposés. Pour évaluer l'efficacité publique, il faudra cette fois se mettre d'accord sur des indicateurs de qualité et d'efficacité, même si, là encore, le contribuable moyen aura tendance à juger que les services publics sont trop chers pour les impôts qu'il paye.
Le troisième objectif consisterait à remettre à plat l'ensemble des réformes, annoncées ou en chantier, à la lumière de la crise actuelle et des problèmes actuels rencontrés par les français.
Un moratoire indispensable sur les réformes.
Continuer à décréter que les réformes devront continuer, pour la raison apparemment inattaquable que notre président en avait fait la promesse avant d'être élu, me semble surréaliste.
Le Titanic coule, mais on continue à astiquer le pont.
Qu'il faille réformer, certes, qu'il faille être courageux pour mettre en place les réformes annoncées, certes encore. Mais qu'il faille s'obstiner ne me semble pas être le meilleur moyen d'atteindre un consensus national, indispensable dans ce contexte de crise majeure.
De la nécessité d'un consensus national.
Les trois objectifs précités sont d'une telle importance que ce 'Grenelle' devra rassembler l'ensemble des acteurs de la vie politique, sociale et économique de notre pays.
Cette participation étendue devra donc concerner, sans vouloir être exhaustif, les entités et organisations suivantes, sans aucune exclusive ou anathème: Associations de Consommateurs et d'Usagers des services publics, patronats, syndicats, partis politiques de toute obédience, du Front National jusqu'au NPA, le rôle du gouvernement étant principalement d'alimenter les participants en informations sur les comptes et les dépenses publics, à charge pour les participants d'en demander et d'en vérifier la teneur.
Chacun semble réclamer transparence et sincérité, c'est donc le moment de s'y mettre. Il ne s'agit pas de jeter a priori le discrédit sur telle ou telle partie de la population, ou de décréter: il faut plus, ou moins, de fonctionnaires, une facilité plus ou moins grande de recruter ou de licencier, ou tout autre idée a priori portant sur la vie sociale et économique. Il s'agit essentiellement de vérifier la nécessité et la cohérence de l'ensemble des objectifs et des mesures associées. Ce n'est pas de politique politicienne ou partisane, ni d'idéologie rampante dont la France a besoin en ce moment.
Je pense que sur ce point on pourrait même réconcilier Proudhon et notre Prix Nobel d'Economie Maurice Allais sur la seule interrogation socio-économique qui vaille, comment améliorer le bien-être de nos concitoyens.
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