jeudi 3 novembre 2011

UnPlanBpourLes DettesGrecquesetSonAppelAuPeupleSouverain

Face à la perpétuelle fuite en avant de la nomenklatura européenne, y a-t-il un plan B ?

Q. Alors, un nouveau sommet pour rien ?

Il faudrait déjà préciser de quel sommet vous parlez, il y en a eu tellement…

Q. Celui de la fin Octobre, qui devait assurer définitivement l’avenir de la zone euro,…

Ah oui, celui là, déjà remis en question par l’annonce surprise d’un possible référendum grec.

Q. Rude coup pour l’Europe dit-on. Qu’en pensez-vous ?

On devrait se réjouir que face à des mesures extrêmement rigoureuses frappant l’ensemble d’un peuple, le peuple grec en l’occurrence, on pense, pour une fois, à le consulter directement. Même si ce n'est pas encore fait, puisque des tensions à l’intérieur du gouvernement grec peuvent toujours bloquer cet éventuel ‘appel au peuple’

Q. Comme autre aléa, il y a aussi la nature de la question qui serait éventuellement posée…

Oui, bien sûr. Mais il est instructif de voir que la première réaction de nos ‘élites’ a été de juger totalement incongrue, voire obscène, l’idée de demander à un peuple, censé être souverain, son opinion. Comme si le fédéralisme bureaucratique souhaité explicitement par les candidats, déclarés ou non, du PS et de l’UMP à l’élection présidentielle de 2012, était déjà en place, avec ses pratiques anti-démocratiques, voire totalitaires.

Q. Mais si la Grèce sort de l’Euro, il faut quand même bien faire quelque chose, non ?

Comme le dit fort justement L. Pinsolle, dans des accents ‘gaulliens’, « Il n’y a que dans les régimes autoritaires que le résultat est connu à l’avance ». Mais l’on peut, effectivement aborder les différents scénarios possibles. La question la plus plausible, ou du moins celle qui serait la plus ‘démocratique’, serait sans doute : « acceptez vous, en tant que citoyen grec, le plan d’austérité tel qu’il a été formulé dans le dernier sommet européen du 27/28 octobre ».

Q. Et dans le cas où la réponse à cette éventuelle question serait non ?

Un ‘non’ majoritaire est effectivement probable dans ce cas. Une première réaction des marchés inévitable : les taux d’intérêts que l’on pourrait éventuellement consentir à la Grèce s’envoleront – c’est déjà le cas – et il sera alors évident – mais c’est aussi déjà le cas – que la Grèce ne pourra jamais rembourser, ne fut-ce que 25 ou 30% de sa dette actuelle.

Q. C’est peut être ce que recherche M. Papandreou ?

Effectivement. Plutôt que d’avoir 350 milliards d’euros à rembourser, ce qui est impossible, chacun le sait depuis des mois, mais personne ne veut le dire explicitement – le système des hypocrites et des faux … semblants – il vaut mieux afficher clairement un défaut presque total. 20% de 350 milliards, voilà qui serait sans doute acceptable.

Q. Effectivement 70 milliards contre 350, c’est mieux. C’est peut être cela le dessein secret du premier ministre grec ? Mais quels en seraient les conséquences pour la zone Euro et pour les fameux ‘marchés financiers’ ?

Pour le moment, tout a été fait pour ne pas déclencher les fameux CDS, qui risqueraient d’augmenter dans un facteur conséquent, quoique inconnu, les pertes des banques et des détenteurs d’obligations souveraines grecques. Comme si le mensonge ou la dissimulation étaient les seules façons d’éviter un effet domino.

Q. Et ce n’est pas le cas ?

A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Même si c’est 'illégal', pourquoi ne pas se mettre d’accord pour déclarer que les CDS souverains sont annulés, et que l’on va gérer dans la plus grande transparence les actifs grecs ‘toxiques’. Sur les 350 milliards de dettes publiques grecques, seuls 70 milliards seraient officiellement et ouvertement conservés. Un simple traitement au prorata diminuerait la valeur de chaque portefeuille obligataire de 80% (ou tout autre pourcentage raisonnable).

Si les chiffres annoncés par les banques françaises sont exacts, les pertes subies par ces dernières seraient facilement comblées par un an ou deux de versements de dividendes. Pour éviter que ces banques, dont la valeur boursière diminuerait encore, ne soient rachetées par des banques étrangères concurrentes, on pourrait décréter – là encore contre les traités internationaux actuels – la cessation des transactions boursières les concernant.

Q. Les grecs s’en sortiraient très bien, dans ce cas. N’est ce pas injuste, voire immoral ?

Il n’y a pas 36 solutions possibles. Soit on accepte officiellement cette décote de 75 à 80% sur les dettes grecques, soit la Grèce quitte l’euro. Que ce soit prévu ou non dans les traités européens est un faux problème, personne ne songe à envoyer des blindés ou des avions pour faire payer les grecs, s’ils ne peuvent le faire, que ce soit juste ou non. Personne non plus n’a envahi l’Argentine quand elle a pris une décision semblable.

Q. Mais si la Grèce quitte l’euro, cela ne résoudra pas pour autant ses problèmes…

C’est du moins ce que nos ‘experts’ – ceux de l’Alliance Hollande-Merkel-Sarkozy – déclarent à qui mieux mieux. Comme si la Grèce, si elle revenait au drachme, allait changer de position sur le remboursement – impossible – de ses dettes. D’autant plus que le pseudo-raisonnement de ces experts est stupide.

Q. A savoir ?

Supposons que l’euro soit remplacé par le drachme, à une parité de 1 pour 1

Q. Est-ce possible ?

Bien sûr. On verra comment évaluera le cours du change, mais, initialement, la Grèce peut décréter la parité qu’elle veut, en mettant éventuellement un « sticker » ‘drachme’ sur chaque billet ‘européen’. 350 milliards de dettes en euros, cela fera 350 milliards de dettes en drachmes.

Q. Mais si le drachme chute à 30% de sa valeur initiale ?

Cela ne changera rien pour les détenteurs internes, grecs, de la dette grecque. Mais, bien entendu, les créanciers extérieurs devront « prendre leurs pertes ».

Q. Finalement, le référendum grec, ce n’est pas si grave ?

Ce n’est grave que si l’on reste à l’intérieur du système actuel, qui consiste à faire payer les peuples - et non les spéculateurs - en temps de crise, alors que ces mêmes spéculateurs se sont enrichis quand les temps leur étaient plus favorables. Avec le plan B, qui consiste à rendre leur souveraineté aux nations et aux peuples, c’est plutôt une bonne chose.