vendredi 19 décembre 2008

Si l'état n'agit pas, la rue le fera...

Le gouvernement face à ses responsabilités.
Je suis le premier à dire que l'état, le gouvernement, ou les autorités constituées ne peuvent pas tout faire, et qu'on ne peut, ou qu'on ne devrait pas, les rendre responsables de tout.
C'est pourtant ce que l'on va faire, ce que le 'peuple' va faire, ce que la rue va faire, si les prévisions de récession continuent à s'amonceler, et si nos experts continuent à prendre un air chagriné, certains ne cachant pas leur jubilation devant ce mauvais coup porté à la majorité, présidentielle ou gouvernementale.

Entre réformes sérieuses, et révolution catastrophique, il y a urgence.
Le mouvement des lycéens montre que ce n'est évidemment pas de l'école qu'il s'agit. On peut le déplorer, mais ce n'est ni le contenu des programmes, ni le sort des professeurs partant à la retraite qui intéresse les jeunes, mais leur propre avenir. Il ne s'annonçait pas riant il y a 3 ans, au moment du mouvement anti-CPE, alors que la croissance était encore là.

Maintenant que l'on annonce une récession d'au moins 1% - et elle sera pire encore si on ne va pas bien au delà des mesures de relance déjà annoncées, les jeunes peuvent vraiment se demander quel avenir les attend, réforme ou non.
En dehors de la violence de certaines de ces manifestations - violences inexcusables mais explicables - au delà de leur désarroi, il y a un véritable désespoir que l'on voit percer de ci de là.

Les mesures prises, financières comme économiques, restent incompréhensibles aux yeux de la plupart de nos concitoyens.
Ils n'ont d'ailleurs pas entièrement tort de juger sévèrement ces mesures, lorsqu'ils en comprennent les raisons. Et même s'ils avaient tort, la perception que ce sont toujours les mêmes qui trinquent, et les mêmes qui s'en sortent, ne ferait rien pour leur redonner confiance en ceux qui les gouvernent, en ceux qui nous gouvernent.

Face à des affirmations discutables, la méfiance généralisée s'installe.
Au delà de querelles idéologiques entre la droite - ou prétendue telle - et la gauche - ou ce qu'il en reste, le contexte socio-politique est en complet désarroi, du fait d'une situation économique désastreuse, et d'affirmations d'experts très contestables.
Ainsi, il n'est pas vrai qu'une économie moderne ait besoin de marchés financiers florissants - ce n'est pas la Bourse qui aide les entreprises à se développer, même si c'est elle qui conduit certaines entreprises à se lancer dans une course au gigantisme, afin de résister à des OPA, ou au contraire à profiter de certaines aubaines. Mais cela, les intermédiaires boursiers et les professeurs de finance des marchés ne sont pas prêts à l'admettre, et à abandonner ainsi leur gagne-pain qui leur assurent des heures de 'consulting' à plusieurs milliers d'euros.

Il n'est pas vrai non plus que le système bancaire soit le seul à pouvoir assurer le fonctionnement normal de l'économie. Il est bien placé, certes, quand il fonctionne correctement, et lorsqu'il accorde des prêts 'normaux' au financement des entreprises et à la consommation des ménages. Mais lorsqu'il consacre l'essentiel de ses fonds, et la plupart de ses 'experts' - souvent recrutés dans les majeures 'Finance' de nos grandes écoles - et qui ne connaissent donc pas grand chose à la vie économique réelle, à des placements financiers dans des fonds de fonds de fonds d'investissement, il vaut mieux s'en séparer. Quitte à demander à l'état de faire fonctionner lui-même correctement les mécanismes de création monétaire qu'il avait pour fonction régalienne de surveiller.

Les mesures à prendre.
La première, de loin la plus facile 'économiquement' - mais pas si facile idéologiquement - est de reconnaître que les investisseurs et les spéculateurs qui ont perdu leur chemise (c'est plus souvent leurs yachts) en 'jouant' à la Bourse en espérant des rendements très supérieurs au taux de croissance de l'économie ont eu tort de le faire, et que nulle mesure ne sera prise pour leur venir en aide.
Un bémol peut être pour les très petits épargnants dont le montant investi - une goutte d'eau dans les montants en jeu - serait très faible, 5 ou 10000 euros pour fixer les idées. On peut en effet penser qu'ils ont été grugés par des conseillers financiers peu scrupuleux, m^me s'ils ont manqué de bon sens et de retenu: ON NE PEUT GAGNER HONNETEMENT PLUS QUE LE TAUX DE CROISSANCE DE L'ECONOMIE, les richesses étant produites par le travail, et non par la spéculation.

Toujours dans la même idée, celle de restaurer la confiance, et de montrer que les escrocs financiers sont aussi coupables que le petit voleur à l'étalage - et qu'ils coûtent beaucoup plus cher à la collectivité - je pense qu'il faudrait assortir la moindre aide aux banques françaises de la condition sine qua non du départ de l'ensemble de l'équipe dirigeante de la banque concernée - et pas seulement de quelques lampistes ou traders aux actions médiatisées à dessein.
Si le chef d'état major de l'armée a été 'démissionné' pour un acte commis par un sous-officier à Carcassonne - alors que sa responsabilité véritable ne devait pas être colossale - c'est bien le moins de demander à nos banquiers d'avoir un peu de décence, et de comprendre qu'ils ont fait leur temps.
Si une telle mesure n'est pas possible légalement, puisque les banques françaises sont privées, la puissance publique peut jouer sur les différents ratios exigés des banques réfractaires pour qu'elles comprennent qu'elles ont tout intérêt à se débarrasser de leurs haut dirigeants - au mieux irresponsables, au pire incompétents et malhonnêtes.
Ce couple de mesures ne coûterait rien financièrement, et pourrait commencer à restaurer la confiance dont notre pays a tant besoin, en cette période que d'aucuns commencent à juger pré-révolutionnaire, du fait du désespoir grandissant de nombre de nos compatriotes.

Quelques mesures 'purement économiques'.
Lancer de grands travaux d'infrastructure (enfouissement de lignes EDF, amélioration de voies ferrées laissées à l'abandon, restauration d'écluses et régulation et développement de voies navigables, habitats collectifs orientés 'écologie', fermes photo-voltaiques, centrales nucléaires de troisième génération - même si cela va faire grincer des dents,...) est évidemment une des priorités, même si son coût très important n'a permis au gouvernement actuel que d'en annoncer une toute petite partie. Cette mesure est importante à long terme - certaines infrastructures manquant cruellement à notre pays - et à court terme relancera l'emploi dans le secteur du BTP, sans grever pour autant notre balance commerciale, tout en assurant du pouvoir d'achat au personnel concerné.

Pour un Revenu Minimum de Dignité.
Mais il faut aussi relancer la consommation, par le biais du pouvoir d'achat des catégories les moins privilégiées de la population. Je propose à ce sujet, sans reprendre les thèses un peu extrêmes du mouvement sociétalisme, de distribuer à chacun de nos concitoyens, adultes, - indépendamment de toute autre sorte de revenu qu'il pourrait tirer de son travail, l'équivalent du quart du PIB moyen par habitant.
Ce PIB moyen est de l'ordre de 30000 euros annuels, soit 2500 euros mensuels.
Chaque adulte de notre pays devrait donc percevoir - et cette mesure peut être mise sur pied en moins d'un an - 625 euros de R.M.D., net d'impôts. On peut aussi imaginer qu'un enfant de moins de 18 ans recevrait en moyenne la moitié de cette somme, de façon progressive, un couple ayant 2 enfants de 8 et 10 ans recevant ainsi de la collectivité près de 1900 euros mensuels, indépendamment de tout revenu issu de son travail. Ce R.M.D. serait en grande partie financé par la disparition de nombre de mesures à l'inefficacité garantie et qui ont pour directe conséquence une inflation des travaux administratifs, sans aucune valeur ajoutée, ayant pour principal objectif de vérifier que telle ou telle allocation va bien à la bonne personne, et ne contredit pas telle ou telle autre mesure.

D'autres mesures peuvent être envisagées, comme une TVA sociale qui pénaliserait les produits importés de pays dont les conditions de travail sanitaires et humaines sont plus que discutables, ou pour avantager les produits 'propres' ou 'éthiques'. Mais ceci est une autre histoire. Ce qui est sûr, c'est qu'il faut agir, le 'bon peuple' ne va pas attendre passivement que les experts lui annoncent de nouvelles catastrophes dans lesquelles il sera considéré comme un simple 'dommage collatéral'.

mercredi 17 décembre 2008

Fin de l'histoire, ou fin du capitalisme?

Les prophètes en général, les Cassandre en particulier, sont rarement bien accueillis. Cela tombe bien, je n'ai nullement l'intention de faire des prophéties. Comme chacun sait, si tout un chacun se sent capable de refaire l'histoire - parfois hélas en la récrivant plus ou moins complètement - c'est beaucoup plus difficile, voire impossible, de prévoir l'avenir: c'est bien dommage, en particulier pour tous les experts ou prétendus tels.

La chute du mur de Berlin.
Certains ont cru voir dans la chute du mur de Berlin la fin de l'histoire. Ce qui est plus vraisemblable, c'est que c'est la fin d'une histoire, la confrontation bloc contre bloc, comme finalement dans toute l'histoire où se sont affrontés plusieurs empires, avec des armes similaires. Dans le conflit type "guerre froide", c'était idéologie contre idéologie, capitalisme contre communisme, libéralisme contre plan, mais surtout "muscles" contre "muscles", production (en particulier d'armes) contre production. Sur ce dernier plan, l'inefficacité notoire de la planification soviétique a fini par apparaître au plein jour: il n'y a qu'à voir la différence qu'il pouvait y avoir entre l'ex Allemagne de l'Est et celle de l'Ouest.

Le capitalisme ayant vaincu par abandon de l'adversaire, et n'ayant plus de repoussoir faire-valoir, certains ont décrété la fin de la partie. C'était sans compter sur la malice de l'histoire, et les capacités adaptatives des hommes. en effet, alors que, historiquement, le libéralisme, dans sa version la plus ancienne - celle du capitalisme industriel - était censée être liée à des pratiques démocratiques - la mondialisation allait changer tout cela. Qui aurait pu prétendre, il n'y a guère que 15 ans, que après 40 ans de maoïsme, la Chine allait prendre l'essor qu'elle connaît actuellement, tout en restant sous la loi d'airain d'un parti unique tout puissant. Sans être un expert de la Chine, je ne crois pas que les droits de l'homme aient progressé de concert avec la formidable expansion économique de ce pays. Faut-il en conclure que le développement actuel de la Chine est un indicateur de ce qui attend l'ensemble du monde: un système productif efficace, mais qui semble se soucier comme d'une guigne des droits sociaux et des atteintes, parfois irrémédiables, faites à l'environnement.

Après le capitalisme, quoi donc?
Après le mouvement "anti-mondialiste", transformé - avant que le ridicule ne tue cette dénomination - en mouvement alter-mondialiste - ce que tout un chacun peut admettre, dès lors qu'on peut mettre ce que l'on veut derrière, voilà qu'on annonce, ou qu'on réclame, la fin du capitalisme.
Il est malheureusement plus facile, et sans doute plus rassembleur, d'être contre quelque chose que de proposer autre chose. A ma connaissance, je ne connais qu'une petite équipe qui s'est efforcée d'aller jusqu'au bout de ces idées 'anti-capitalistes', en proposant un système, sans aucun doute critiquable sur de nombreux points, mais intéressant, je veux parler du "sociétalisme" cher à Holbecq. Certaines de ses idées sont issues du distributisme, d'autres essaient de démonter le système monétaire 'occidental', en reprenant l'idée d'une monnaie liée à la consommation - qui a montré ses limites dans l'économie soviétique.
L'idée de son Revenu d'Existence - que j'avais proposé sous une autre forme il y a 15 ans sous la forme du Revenu Minimum de Dignité - n'est pas non plus sans intérêt.

Le capitalisme est-il réformable?
Mais en dehors de cette tentative, fort louable, de construire un système qui pourrait peut être s'envisager - ou en tout cas que l'on peut critiquer, et amender - les tenants purs et durs de l'anti-capitalisme ralliés autour de notre postier national ne proposent rein, sinon de l'anti.

De nombreuses voix se sont élevés contre les dérives du capitalisme - dérives ou défauts intrinsèques, on peut en discuter - et en particulier contre les dérives du capitalisme financier actuel. En fait, je ne pense pas que le capitalisme soit véritablement réformable, au sens où il y aura toujours des scandales et des injustices. On peut cependant le réguler, et éviter ainsi les crises qui ont parsemé les 20 dernières années.

Faire la chasse au capitalisme financier : pour l’euthanasie des spéculateurs
Comme je l’ai écrit par ailleurs, à partir du moment où l’homme et sont travail sont les oubliés du système, des systèmes, et où l’on pense – comme les modèles financiers – que l’argent va à l’argent, indépendamment du contexte économique, on court à la catastrophe, économique, sociale, et politique. Une façon de réguler le capital, c’est bien de le taxer, fortement, voire uniquement, et de ne pas taxer, ou très peu, le travail. Il est faux que le ‘capital’ a un mérite en soi, qui permettrait à ses détenteurs de ‘réclamer’ son dû. Ce n’est pas seulement l’euthanasie des rentiers qu’il faut réclamer, mais l’euthanasie des investisseurs, dès lors que ces derniers pensent pouvoir retirer de leurs économies ou de leur épargne – justement ou injustement gagnée, peu importe ici – plus que ce que produit l’économie réelle. Les modèles informatiques construits sur des théories financières abstraites ont fait perdre la tête à des pseudo-experts croyant tout connaître, ou incapables de reconnaître qu’ils ne maîtrisent plus leurs propres modèles. Que des milliards d’euros aient été perdus par des investisseurs grugés par Maldof ne me semblerait qu’un juste retour des choses : croire que l’on peut gagner durablement plus que 2 ou 3 fois le taux de croissance réel de l’économie est évidemment stupide : si on est le seul, c’est possible, cela s’appelle délit d’initié, si des millions le pensent, c’est tout bonnement débile. Mais les ravages qu’un tel scandale va faire sur l’économie réelle, ou ce qui en reste, sont difficilement calculables.

Pour un ‘encadrement’ des rendements.
Je ne sais pas s’il est possible de revenir au capitalisme entrepreneurial – je ne suis pas sûr qu’il ait vraiment existé. Mais je n’ai pas la même antipathie pour celui qui va investir jusqu’à sa chemise pour mettre sur pied un projet auquel il tient que pour celui qui a confié 10 ou 20 millions d’euros à un fonds d’investissement lui ‘garantissant’ du 10%. Une recette, pour terminer. De même que je juge condamnable le fait de prêter de l’argent à un taux usuraire, de même je pense qu’il devrait être interdit de faire miroiter à des investisseurs potentiels des gains potentiels sans aucun rapport avec ce que l’on peut attendre de l’économie réelle. Si l’économie croît à 4%, aucun rendement ne devrait être proposé à plus du double – l’escroquerie n’étant jamais loin – aucun prêt non plus – l’exploitation étant évidemment là. Dans les deux cas, on exploite la crédulité ou la faiblesse, soit des emprunteurs, soit des épargnants. C’est sans doute moins grave à court terme pour les épargnants, à long terme les dégâts sont aussi importants.

mardi 2 décembre 2008

Ideologies et science economique

Idéologies et Science Economique.
Au risque de paraître enfoncer des portes ouvertes, les doctrines et théories économiques véhiculent toutes une idéologie sous-jacente, quand ce n’est pas des dogmes purs et durs.

Etant sans doute plus candide que la plupart, ce fut un choc pour moi de constater, au cours d’une querelle entre deux théoriciens, P. Samuelson de Cambrige (Boston :USA) et J. Robinson de Cambridge (U.K.) que ce fut le plus idéologue des deux qui l’emporta – et qui obtint le Prix Nobel d’Economie. Le sujet n’était pourtant pas sans intérêt, puisqu’il portait sur la justification théorique de la rentabilité du capital, et donc sur la justification du partage des revenus entre salaires et profits.

La seule ‘vérité’ en ce domaine n’était ni technique, ni scientifique, mais sociale. Le partage salaires-profits est ‘indéterminé’, c’était du moins la position – que personne n’a pu contredire ‘scientifiquement’ – de Joan Robinson, disciple de J.M. Keynes. Certains ont cru pouvoir tirer de cet argument une justification de la lutte des classes, en oubliant ‘idéologiquement’ le rôle des entrepreneurs dans le système productif, qu’il soit plutôt ‘capitaliste’ ou plutôt ‘communiste’.

La Science Economique n’existe pas.
En fait, même si de grands scientifiques ont abordé les thèmes économiques, il n’existe pas réellement de Science Economique. J’irai même jusqu’à dire qu’il ne peut exister une telle Science, au sens où aucune science ne devrait être idéologique.

La physique atomique peut revendiquer le qualificatif de science – même si cela n’implique pas que les physiciens soient tous des scientifiques – car elle peut être ‘objective’, le sort des particules élémentaires, des bosons ou autres quarks ne préoccupant pas grand monde, au contraire de celui des êtres humains, voire des chiens et des chats.

Au contraire, en ce qui concerne les sciences humaines, et plus particulièrement l’économie, l’objectivité totale est exclue, puisqu’il est impossible d’assurer une totale indépendance entre l’observateur et les phénomènes observés.

Cela n’enlève rien, bien sûr, à la qualité de l’analyse de certains grands économistes du passé, D. Ricardo, J.S. Mill, K. Marx, Schumpeter, Keynes. C’est ainsi que l’on doit à Karl Marx une analyse extraordinaire du développent du capitalisme industriel du début du XIXème siècle. Mais sa vision d’une société sans classes était évidemment purement idéologique, voire dogmatique, puisque ne correspondant à rien de ce que l’on savait déjà à l’époque de la nature humaine. Un des plus lucides à ce sujet s’avère sans doute être Keynes, qui n’a jamais réellement prétendu que l’économie était une science, mais un ensemble de bouts de théories et de boîtes à outils.

Libéralisme vs. Economie planifiée.

A l’occasion de la crise actuelle, financière, monétaire puis économique, certaines querelles dogmatiques, que l’on espérait dépassées, ont revu le jour, en particulier sur le rôle, bénéfique ou non, du libéralisme – assimilé sans vergogne au capitalisme.
Les faits sont pourtant têtus, aux dires même de Lénine (qui savait pourtant les oublier, quand ces mêmes faits le dérangeaient). Le libéralisme, au moins jusqu’à aujourd’h,ui, et en dépit de sa myopie, et des dégâts sociaux qu’il a parfois entraînés s’est montré plus efficace – il faudrait certes mieux définir cette efficacité – que tout autre système économique, en particulier ceux à base de planification étatique.

Mais cela ne justifie nullement que ce libéralisme soit le meilleur système possible, en tout cas cela n’a pas été ‘démontré’ scientifiquement, et cela ne pourra jamais l’être – pour les raisons exposées plus haut.

La carte n’est pas le territoire
Une des premières idées que je tente de faire passer à mes étudiants quand j’aborde la question de la modélisation, c’est que aucun modèle ne peut couvrir tous les aspects de la réalité, et donc que ‘la carte n’est pas le territoire’.
Le plus grand danger étant d’oublier l’objectif du modèle et les a-priori (voire l’idéologie) sous-jacents.

On connaît bien sûr les tares en ce domaine des modèles économiques néo-classiques, celui de l’équilibre général en particulier. Mais le modèle hongrois, et son application soviétique, de l’économie planifiée est sans doute pire encore, car il repose sur une méconnaissance totale – volontaire ou non – de la nature humaine, à savoir la volonté égalitaire des êtres humains.
A. Smith misait sur l’égoïsme individuel – réalité indiscutable – pour essayer de construire un optimum collectif – ce qui est évidemment une gageure. Mais miser sur un altruisme individuel pour aboutir à un optimum collectif, même si ce but apparaît plus noble, est à l’évidence stupide. L’homme a plusieurs facettes, il n’est ni démon, ni ange, et un modèle, ou des actions concrètes, qui ne prendraient pas cette dualité en compte ne peut que conduire à des catastrophes.

Chassons donc l’idéologie de nos pensées, ou si ce n’est pas possible sachons la reconnaître, pour éviter de faire croire à l’homme de la rue, au citoyen ordinaire, à vous et à moi, que les experts ‘savent’, et que le ‘bon sens populaire’ ne peut rien comprendre aux ‘grands évènements’ de notre temps. Ce n’est qu’à cette condition que la confiance – peut être limitée, et sous conditions – peut revenir. Et la confiance, c’est ce dont on manque le plus en ces moments de crise.

Dans le cas contraire, les idéologies se révèleront effectivement le ‘meilleur ennemi’ de l’économie.