mercredi 13 janvier 2010

sur les modeles financiers et economiques

Sur les « meilleurs » modèles.

Pendant toute ma carrière à HEC, j’ai tenté de dire à mes étudiants que « la carte n’est pas le territoire », c’est à dire que le « modèle n’est pas la réalité », tout en suggérant que l’on avait parfois besoin de cartes, ou de modèles. Quant à savoir comment distinguer un modèle d’un meilleur, ou moins bon modèle, c’est bien difficile. Tout dépend de ce que l’on cherche, et des objectifs de son utilisateur.

La seule carte véritable serait le territoire à l’échelle 1 pour 1, ce qui n’aurait pas grand intérêt, et donc pas de sens. On est donc obligé de « simplifier ».

Un « bon » plan de Paris pour les cinéphiles n’aurait pas beaucoup d’utilité pour l’amateur de pizzas, et encore moins pour l’amateur d’antiquités. Pour un étranger ayant une demie-journée pour visiter Paris en une demie-journée, les besoins de plan, de carte ou de modèle seront différents de ceux d'un étudiant logé en banlieue ou de ceux d'un terroriste voulant déposer une bombe "sale".

Alors, qu’est ce qu’un bon modèle en finance, modèles qu'on vomit depuis un an ou deux après les avoir encensés pendant des décennies. Est-ce un modèle descriptif, un modèle normatif, un modèle qui permet de faire de gros bénéfices aux dépens des crédules?

Lors de mon passage à Harvard, il y a très très longtemps, dans les années 1970, avant donc l’instauration du modèle de Black et Scholes, je m’étais déjà opposé à un modèle plus rudimentaire (avec moins de variables, celui du MEDAF), et écrit 2 ou 3 cahiers de Recherche sur le sujet. Cela ne m’a valu que l’opprobre de ceux qui l’avaient mis au point, dont là aussi quelques futurs prix Nobel, Sharpe, Markowitz, Modigliani, Miller et quelque menu fretin ;-) .

Pourtant tous ces modèles étaient alléchants, au moins comme miroirs aux alouettes, ils semblaient indiquer comment gagner à coup (et coût) sûr (ou presque) en misant « astucieusement » sur la volatilité des cours de bourse. Black et Scholes ont simplement compliqué la donne, pour cacher derrière des développements mathématiques très complexes (en passant du niveau Math Sup au niveau doctorat de Maths) la pauvreté intrinsèque des réflexions économiques sous-jacentes.

Aussi, quand on parle maintenant de la relance du marché financier et des sommes folles, virtuelles ou réelles, qui y circulent de plus en plus vite, l'Hyper-Trading me ferait sourire, si les conséquences économiques d'un tel aveuglement ne m'en semblaient catastrophiques