mardi 28 octobre 2008

Les experts n'y comprennent plus rien

Quelle outrecuidance!
Les experts ou prétendus tels, devant les soubresauts des marchés financiers, affirment doctement qu'on ne plus rien comprendre au fonctionnement actuel des marchés. Ce qui signifie, en fait, qu'eux, les experts, ne comprenant rien, ou ne voulant pas comprendre, il s'ensuit nécessairement que personne ne peut comprendre.

Les économistes et les financiers se sont déconsidérés eux-mêmes.
Ce sont pourtant les mêmes qui continuent à donner au 'petit peuple', sur tous les medias, des leçons d'économie. Ils n'ont même pas l'élémentaire bon sens de voir qu'en se faisant ils se tirent une balle dans le pied, en se décrédibilisant complètement. Ce ne serait pas si grave s'ils ne déconsidéraient pas, par là-même, l'économie concrète. On peut sans doute se passer d'économistes, voire oublier la plupart des prétendus lois de la science économique - qui n'est pas vraiment une science - mais nous avons besoin d'une économie concrète, réelle, qui fonctionne.

C'est quoi, une économie qui fonctionne?
Une première loi de bon sens. Quelque soit son contexte socio-politique, aucun système économique ne peut fonctionner si la production des biens et services consomme plus de ressources qu'elle n'en dégage.
Cela étant dit, le problème consiste à évaluer à la fois les ressources consommées et la richesse produite. Il s'agit ainsi, par exemple, de comparer des ressources fossiles (charbon, fer, petrole) à des produitrs manufacturés (automobiles, textiles). Pour faire cela, on est bien obligé de 'convertir' en bien étalon - la marchandise-étalon de Sraffa, plus concrètement en euros ou dollars ou yens - les ressources et les richesses produites.
Quand les différents marchés sont à peu près stables, cela ne pose pas un énorme problème.
En revanche, quand le baril de pétrole peut varier de 50% en quelques semaines, et l'euro contre dollar perdre 25% de sa valeur, on comprend bien la difficulté de la chose.

Les entreprises, et donc l'économie 'réelle', peuvent certes se couvrir 'à terme' contre de tels risques, avec l'aide d'intermédiaires financiers spécialisés dans ce domaine, qui assurent ainsi les entreprises contre de tels risques.

Des pompiers pyromanes, ou des assureurs spéculateurs.
Là où cela se complique, c'est quand les intermédiaires financiers, au lieu de jouer leur rôle d'assureurs économiques, et donc d'amortisseurs éventuels de fluctuations de changes ou de prix de matières premières, se transforment en spéculateurs.
Au lieu de tenter d'amortir ces chocs, ils vont jouer sur la volatilité de ces chocs- donc profiter d'une plus grande variation - en utilisant pour cela toute une panoplie d'instruments financiers, tous plus sophistiqués les uns que les autres.
Le seul trait commun de ces instruments est qu'ils sont - ou étaient - censés 'garantir' une rentabilité de 12 à 15%, alors même que l'économie réelle se traînait péniblement autour d'une croissance de 2 à 3%, en dehors de l'économie des pays comme l'Inde ou la Chine, pays dans lesquels les placements américains se sont fortement investis.

Une deuxième loi économique.
Nous en arrivons alors à notre deuxième loi, elle aussi de bon sens.
L'économie 'symbolique', celle des banques et des marchés financiers, ne peut croître durablement beaucoup plus vite que l'économie réelle. Certes le partage salaires-profits, ou salaires-rentes, peut évoluer en faveur des rentes, mais même cela a une limite.
Le corollaire de cette loi, c'est que lorsque le taux de rentabilité exigé par les investisseurs est 2 à 3 fois supérieur au taux de croissance de l'économie réelle, le système tout entier, symbolique et réel, ne peut que se dérégler, c'est que nous voyons en ce moment.

Que faudrait-il donc faire?
Ce diagnostic, somme toute de bon sens, étant fait, y a t-il des solutions?
Dans un système non totalitaire, on ne peut éviter les spéculateurs et la spéculation. On peut cependant éviter d'encourager ceux-ci, et d'alimenter celle-la, par exemple en empêchant les institutions financières d'être à la fois incendiaires et pompiers. D'où une séparation très nette qui devrait être imposée entre les banques de dépôts et tous les autres établissements financiers, la création monétaire étant systématiquement sous le contrôle explicite, direct ou indirect, d'une autorité 'régalienne', en principe au service de tous et non de quelques uns.

On peut ensuite encourager et développer les crédits inter-entreprises, lorsque les banques faillissent à leur rôle d'accompagnateurs éclairés de la vie et de la croissance des entreprises. On peut enfin interdire les taux usuraires pour les prêts, un taux 'usuraire' étant un taux trop éloigné de la croissance anticipée pour l'économie réelle. C'est ainsi que si l'on anticipe une croissance de 2%, et une inflation de 3%, ce qui correspond à un taux de base 'réel' de 5%, aucun prêt ne devrait être supérieur à 8 ou 10%, alorsque les taux actuels des prêts à la consommation peuvent aller jusqu'à 20%, ce qui n'est pas le plus sûr moyen de relancer la consommation, encore moins l'économie réelle.

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