Les soubresauts de plus en plus importants qui agitent l’ensemble des marchés financiers ne vont sûrement pas se calmer dans un avenir proche. De fait, si les mesures prises ou annoncées depuis quelques jours semblent avoir réglé les problèmes du marché monétaire – en dissipant en particulier les doutes que l’on pouvait avoir sur la liquidité, voire la solvabilité, du système bancaire, elles n’ont strictement aucune influence positive sur le cours des marchés financiers.
La défiance est là, et elle s’est installée pour durer. La véritable question est ailleurs. Peut-on éviter que cette défiance envers les marchés financiers ne pollue pas gravement, voire pour plusieurs années, ce que les commentateurs appellent l’économie réelle, sans toujours bien la définir ?
Intéressons nous à l’économie réelle.
Sans revenir à Marx – même si je trouverai plaisant, en d’autres circonstances, que l’auteur qui,
avec J. Robinson et D. Ricardo, a le plus inspiré mes premières réflexions économiques, ainsi qu’un de mes ouvrages (‘de Karl Marx à Bill Gates’)- il suffit de renvoyer à un article de Holbecq sur la différence entre l’économie réelle et l’économie symbolique pour comprendre le fond du problème.
Cela étant, qu’on déplore cette situation ou non, que peut-on y faire ? Peut-on éviter que la défiance qui a envahi le marché des actions – et, au-delà le marché financier, marché symbolique s’il en est – ne contamine durablement le marché réel, celui de la production et de la consommation, celui de la vie réelle ?
Vu l’interpénétration actuelle des marchés financiers, il est malheureusement impossible d’empêcher la spéculation, la fermeture d’un marché boursier national n’ayant aucun impact dans un tel contexte. On peut cependant empêcher les banques – maintenant qu’elles sont à peu près toutes ‘virtuellement nationalisées’ – d’appuyer leurs octrois de crédits sur des actifs toxiques, qu’ils soient d’anciens prêts immobiliers titritisés ou des actions industrielles bien trop volatiles en ce moment.
La caisse de refinancement des établissements de crédits peut servir à cela, en sus des consignes très fortes que l’état français devrait imposer aux principales banques.
Pour une modification des taux d’usure.
D’autres mesures sont cependant plus importantes encore. J’avais évoqué dans un précédent billet la nécessite d’un encadrement du crédit ‘moderne’, portant non pas sur le volume à prêter, mais sur les taux à consentir.
Il s’agirait en fait de diminuer drastiquement le niveau des différents taux d’usure, qu’ils concernent les découverts aux entreprises ou les prêts à la consommation aux particuliers. Au lieu des 13, 18 et 20% fixés actuellement, je propose de ne pas dépasser 2 à 2,5 fois le taux directeur de la BCE (3,75% actuellement) du crédit interbancaire pour les découverts aux entreprises, et 3 fois ce taux directeur pour les prêts à la consommation, ce qui donnerait environ 9% pour le découvert et 11% pour les prêts à la consommation.
Quand on sait que les PME et les entreprises unipersonnelles représentent en France plus de 80% des emplois, et qu’une consommation en panne ne peut que conduire à une récession de plusieurs années, il est grand temps de soutenir à la fois les PME et le pouvoir d’achat des consommateurs. Si cela conduit à négliger, ou du moins à ne pas se focaliser sur, la capitalisation boursière des entreprises du CAC 40, cela n’est sans doute pas grave.
On peut encore échapper au spectre de la crise de 29.
Encore une fois, il ne s’agit pas de jeter le bébé libéral, celui des entreprises, avec l’eau du bain, celui des scandales financiers et monétaires, mais de s’intéresser à nouveau aux ‘fondamentaux’ de l’économie. C’est sans doute la seule façon d’éviter une crise qui pourrait sinon se comparer en gravité à la crise de 1929. La véritable richesse est créée par les entreprises, en principe au service des ménages, elle ne doit pas être subordonnée au marché financier.
Si on donne trop d'importance et de poids à ce dernier, il se transformera inéluctablement en chape de plomb, bien loin du 'voile' que les économistes classiques ou monétaristes espéraient, bien loin aussi d'un lubrifiant des rouages économiques. Le phénomène de création monétaire est fort simple, mais il ne doit être encouragé que lorsqu'il est véritablement au service des entreprises et des particuliers, pas à celui de la bourse ou des actifs 'toxiques'.
jeudi 16 octobre 2008
Comment sauver l’economie reelle : il est grand temps de s’en occuper
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