jeudi 16 octobre 2008

Faut-il preter aux pauvres? si oui, a quel taux?

Dans un précédent billet, j’avais écrit que prêter aux riches était plus aisé – au moins pour les financiers et les banques – que de prêter aux pauvres, un tel prêt s’apparentant plus à un don qu’à une action commerciale ‘normale’. J’avais pris comme exemple les 320 milliards ‘garantis’ par l’état français « le prêt aux riches » , et le milliard pour le RSA, le « don aux pauvres ».

Par ailleurs, dans un autre texte, je prétendais qu’une mesure cruciale d’accompagnement à l’économie réelle – aux PME comme aux consommateurs – consisterait à diminuer les taux officiels d’usure (taux de découvert aux entreprises comme taux de crédit à la consommation) à un niveau nettement inférieur. Dans les conditions actuelles, alors que le taux directeur de base de la BCE est de 3,75%, je proposais 9% contre 13% pour le découvert, 11% contre 18% pour les prêts à la consommation.

Mon argument était le suivant. Prêter à un taux très important à des personnes ou des entreprises ayant des problèmes de trésorerie – on parlerait dans le système bancaire de problèmes de liquidité – ne me semblait pas être un moyen efficace pour le prêteur de rentrer dans ses fonds, en dehors même de tout problème éthique consistant à ponctionner davantage les ‘pauvres’ que les ‘riches’.

On peut certes m’opposer un contre-argument, celui de la solvabilité des emprunteurs.

Dans le cas d’une entreprise, une PME peut avoir des problèmes de trésorerie – alors que son bilan, qui mesure en quelque sorte sa solvabilité à moyen terme, peut être excellent. Donc le fait ne diminuer le taux de découvert peut ne pas poser de problèmes ‘existentiels’ au prêteur, qui est à peu près sûr de rentrer dans ses fonds.

En revanche, dans le cas d’un prêt à un particulier, il en va peut être tout autrement. Il est beaucoup plus difficile pour un éventuel prêteur de connaître la véritable situation de solvabilité du candidat emprunteur. Il peut certes connaître ses revenus mensuels, quant à son niveau réel d’endettement, dès lors que le candidat au prêt a plusieurs comptes dans différentes banques, c’est beaucoup plus difficile, sauf en cas d’inscription à la banque de France pour incidents multiples de paiement.

D’où la tendance des banques ou des organismes de crédit à la consommation de ‘surtaxer’ les prêts aux particuliers à la solvabilité, actuelle et future, douteuse. En dehors de se ‘couvrir’ face au risque de traiter avec des ‘insolvables’ potentiels, ces organismes peuvent même prétendre rendre service aux candidats emprunteurs en leur montrant qu’à de tels taux ils feraient mieux de ne pas emprunter, car il y a de grandes chances – ou malchances – qu’ils ne puissent jamais rembourser.

D’où le titre de ce billet : faut-il prêter aux pauvres, et si oui, à quel taux.

Tout prêt est un pari.
En fait, là encore c’est tout à la fois un problème d’anticipation et une question d’ordre social et politique. Tout prêt est un ‘pari’, en règle général sur l’avenir, sauf lorsque vous demandez des garanties concrètes sur des biens existant, et qui ne devraient pas se dévaluer : l’or, peut être, l’immobilier, cela dépend, la caution d’un état, faut voir. En fait, il n’y a pas de garanties absolues, comme la crise actuelle l’a clairement démontré.
Ce pari est nécessairement risqué, nul ne pouvant prétendre prévoir l’avenir, les experts encore moins que les autres peut être. En économie, les paris reposent donc toujours, peu ou prou, sur la solvabilité future de l’emprunteur. Cette solvabilité peut être liée directement au revenu du travail de l’emprunteur (entreprise ou particulier ‘actif’), ou bien, plus indirectement, aux ‘rentes’ du dit emprunteur, ces rentes étant elles aussi reliées au fait que le contexte économique va permettre, ou non, de rémunérer les ‘actifs’ de notre rentier.

Dans tous les cas, comme dans le problème des retraites d’ailleurs, si la situation économique se dégrade, les fameuses garanties du prêteur peuvent ne plus valoir grand-chose, quel que soit le taux d’intérêt du prêt. Je pense même qu’un taux d’intérêt trop important – il faudrait sans doute tester l’élasticité du niveau correspondant, mes recommandations n’étant pour le moment qu’intuitives – risque d’aggraver la situation économique, actuelle et future, plutôt que l’améliorer. C’est d’ailleurs l’un des seuls domaines ou la ‘science économique’ affirme des choses sensées, à savoir que sur le moyen-long terme le taux d’intérêt, le taux de croissance, et le taux d’inflation sont liés. Le taux d’intérêt doit être égal au taux de croissance de l’économie, augmenté du taux d’inflation éventuel.

Pour un fonds de garantie d’état pour les personnes à faible revenu.
Bien sûr, de même qu’il est très difficile, même dans un système totalitaire, de faire boire un âne qui n’a pas soif, il est impossible de ‘forcer un banquier à accorder un emprunt’ quand il ne le veut pas, dans la mesure où il penserait prendre trop de risques. Un gouvernement responsable pourrait cependant accorder une garantie d’état globale – garantie qui ne vaut bien sûr que ce que l’état économique futur vaut, à ceci près qu’un état ne fait pas faillite – aux personnes jugées a priori ‘peu solvables’ par la banque ou l’organisme de crédit.

Ainsi la banque prêterait par exemple à 11% à Monsieur Dupont, la garantie de remboursement étant accordée par l’état, moyennant une ristourne de 1% de la banque à ce même état. En cas de remboursement normal, l’état aurait ainsi gagné une commission de 1% sur le montant total du prêt. Dans le cas contraire, moins fréquent sans doute vu la relative modicité du taux d’emprunt, l’état aurait fait œuvre sociale.

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