vendredi 24 octobre 2008

Economie 'virtuelle', economie 'reelle'

Nous y voilà enfin. Les soubresauts des marchés financiers, qui ne s'atténuent guère de puis 15 jours, tout en oscillant autour d'un point bas (3200 pour l'indice du CAC 40), ont fini par montrer que le roi était nu. Le roi, celui de l'économie réelle, roi qui est le seul à pouvoir 'nourrir ses sujets', vous et moi.

L'économie réelle va mal.
Oui, l'économie réelle, du moins en Occident et en Amérique du Nord, va mal.
La crise des subprimes n'a évidemment rien arrangé, même si elle a remis au goût du jour le fait que le fondement de la richesse d'une nation n'était ni les gains spéculatifs obtenus sur les marchés financiers, ni l'intérêt d'emprunts accordés parfois sur des garanties ou à des taux proches de l'usure. Le fondement de la 'richesse des nations' repose bien sur la qualité - et la quantité - des productions de biens et services, donc, en définitive, sur la qualité - et la quantité - du travail, direct et indirect, d'une nation.

A quoi servent les banques?
Certains grands économistes - il en existe encore -, je pense en particulier à Keynes, J. Robinson, plus encore peut être à notre seul prix Nobel, M. Allais - pour un article rédigé en 1998 - se sont penchés sur les 'services' que l'on devrait pouvoir attendre des banques, et que nous n'avons pas toujours.
Ils ont ainsi depuis longtemps mis l'accent sur ce qui devrait être un fonctionnement 'normal' des marchés monétaires et financiers, lesquels devant être au service de l'économie, et non à leur propre service.
M. Allais - qui passe pourtant pour un théoricien ultra-libéral - a même suggéré que l'on interdise aux banques toute création monétaire, l'économie d'endettement - on ne prête qu'en fonction des dépôts que l'on a - étant beaucoup moins risquée, et donc plus fiable, qu'une économie monéto-financière, où l'on prête à tout va, en fonction de perspectives d'avenir et de rentabilité future beaucoup plus délicates à évaluer.

Le pouvoir régalien de battre monnaie.
Dit autrement, seul l'état aurait le pouvoir 'régalien' de 'battre monnaie', c'est à dire de faire de la création monétaire. En poussant à peine le trait, cela signifie que M. Allais, tout libéral qu'il puisse être, considère que si le marché doit être tout puissant pour la quasi-unanimité des domaines et secteurs de l'activité économique, il ne devrait pas exister en ce qui concerne la monnaie, voire même l'intermédiation financière.

Creation de monnaie et refondation du capitalisme.
En allant encore un peu plus loin, ne serait-ce pas dans cette direction, celle d'une nationalisation virtuelle, ou réelle, de la partie 'création de monnaie' par les banques, que l'on pourrait aborder ce dont en parle de plus en plus, à savoir la 'refondation du capitalisme'.
De fait, l'homme de la rue, dont le bon sens est parfois plus grand que celui de nos fameux argentiers et experts, a du mal à accepter que l'on mette 360 milliards dans la cagnote des banques, et que l'on ne trouve pas un ou deux misérables petits milliards pour le RSA, et quelques milliards de plus pour la Sécurité Sociale.

Certes, comme je l'ai écrit précédemment, ce n'est pas la même chose. Dans le premier cas, c'est un prêt, garanti en principe sur un remboursement futur. Dans le deuxième cas, ce serait un don.
Il n'en est pas moins vrai que, si l'on revient à l'économie réelle, il peut apparaître plus judicieux de prêter à des entreprises que prêter à des banques. C'est le rôle des banques diront certains grincheux ainsi que la majorité des experts.
Certes, mais les banques ayant failli, à la fois individuellement et collectivement, faut-il leur faire à nouveau confiance, ou ne serait-il pas grand temps de changer une équipe qui perd.
Cela aurait un double mérite: montrer au citoyen ordinaire que les 'riches' ne sont pas au dessus du lot commun, et que s'ils prennent des risques - avec l'argent des autres - ils ne doivent pas s'attendre à être 'sauvé', s'ils ont perdu leur pari. Combien de patrons de PME, qui ont pris eux des risques avec leur propre argent, se retrouvent au bord de la faillite du fait d'une mauvais gestion de leurs banquiers: est-ce juste que ce soit eux qui payent les pots cassés. Là encore l'homme de la rue, le citoyen ordinaire, le salarié lambda, ne le pensent pas.

Soutenons les entreprises, pas les banques.
Si l'on veut donc réconcilier le citoyen ordinaire avec l'économie, il est peut être temps de montrer que la réalité ordinaire, celle de l'économie concrète - et pas uniquement virtuelle ou symbolique - touche aussi les puissants de ce monde.

Cela ne résoudra évidemment pas tous les problèmes. Mais le seul fait de trouver des ressources pour ceux qui jouent un rôle direct, concret, tangible, dans l'économie - à savoir les entreprises industrielles et de service, voire un certain nombre d'administrations ou d'organisations publiques au rôle clairement identifié - ne peut que redonner une certaine confiance à l'homme de la rue, à vous, à moi. Et lorsque l'on sait le rôle que la confiance joue en économie...

De la cohérence et de la pédagogie.
L'economie a soif de cohérence, elle va mal lorsqu'il n'y en a pas. Cette cohérence n'esixte pas toujours dans les décisions qui se succèdent au niveau gouvernemental depuis des semaines, et lorsque cette cohérence y est, la pédagogie pour l'expliciter y est trop rarement. Le renflouement des banques n'était pas forcément une bonne idée, à moins d'expliciter davantage le rôle des banques dans le fonctionnement de l'économie réelle - rôle que l'on peut d'ailleurs remettre en question, si l'on s'oriente véritablement vers une refondation du capitalisme. Les conséquences économiques du 'Grenelle de l'Environnement' sur le marché de l'automobile étaient elles aussi évidentes.
Si l'on veut la mort à petit feu de l'automobile 'sale' sans que cela ne conduise à des licenciements massifs chez PSA ou chez Renault, il faudrait peut être songer à aider les constructeurs français à se reconvertir vers le transport en commun - minibus - et vers des véhicules 'propres'. On en est bien loin.

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