Quel financement pour quel type de recherche en France ?
Dans ce billet je commencerai par une conviction « sans recherche efficace, la France ne peut que péricliter ». Suivront quelques faits qui me semblent bien avérés, même si en ce domaine très sensible l’idéologie et la polémique règnent en maître. Je terminerai enfin par quelques pistes à explorer pour redonner à la France une recherche digne de ce nom – et nécessaire pour son développement économique et social.
Aucune conviction n’est démontrable, bien sûr, même si l’on sait, depuis le sommet de Lisbonne, que l’Europe de la connaissance est sans doute la seule chance donnée à la ‘vieille Europe’ de faire face aux défis de la mondialisation, qu’on déplore celle-ci ou qu’on en voit les éventuelles opportunités. Et les critères pour juger de l’efficacité de la recherche ne sont pas évidents.
Disons simplement ici que les grands thèmes de recherche me semblent évidemment liés, au moins dans les domaines scientifiques et techniques – les plus simples à évaluer peut-être – à tout ce qui concerne les « nano-technologies », la génétique, la biochimie, les énergies nouvelles, et d’autres domaines du même ordre. Bien entendu, il y a des tas d’autres domaines, et je ne peux être exhaustif, d’ailleurs tel n’est pas mon propos ici.
Une autre conviction est que la recherche, dans son ensemble, ne fonctionne pas très bien en France. Les causes en sont multiples, même si aucun consensus n’a pu encore être atteint sur le sujet.
En conséquence, les pistes suggérées en fin de ce billet auront pour objectif d’améliorer de façon significative cette recherche, française et européenne. Sans vouloir être grandiloquent, il en va de l’avenir de notre pays. Je ne suis pas sûr que, globalement, les investissemenortts dans la Recherche soient très insuffisants. Ils m’apparaissent en revanche f mal répartis, que ce soit entre le public et le privé ou entre les différents organismes ou instituts de recherche.
Venons-en maintenant aux faits.
1. Il y a de ‘bons’ et de ‘mauvais’ chercheurs. Ce fait est sûrement polémique, et soulève de toute façon le problème de l’évaluation des travaux de recherche. Mais si on ne s’attaque pas à ce problème, ce n’est pas en injectant des ressources supplémentaires que l’on résoudra le problème.
2. La gestion des ‘carrières’ des chercheurs est inexistante, au moins dans le public. Etre chercheur ‘à vie’ me semble être une (mauvaise) caractéristique de la recherche en France. La plupart des grandes découvertes scientifiques du XXème siècle ont été faites par des ‘jeunes’ (moins de quarante ans) : Einstein (27 ans pour la relativité restreinte), Schocley (37 ans pour le transistor), Ted Hoff (32 ans pour le microprocesseur). Dans un domaine plus appliqué, Steve Jobs (Apple), Bill Gates (Microsoft), Linus Tosvald (Linux) , sans parler des créateurs de Google, avaient tous moins de 20 ans lorsqu’ils ont commençé à faire parler d’eux. En ce qui concerne les sciences sociales et humaines, il en va peut être différemment, la ‘sagesse’ venant peut être avec l’âge.
3. Un fait lié aux deux points précédents concerne la rente de situation de certains ex-chercheurs, ou non-chercheurs, alors que certains jeunes chercheurs, reconnus souvent comme brillants, sont des traîne-misère. Certes, ils peuvent toujours s’expatrier – mais cela ne résoudra pas le problème de la recherche française – même si certains, pour des raisons familiales, sentimentales ou culturelles, ne le souhaitent pas : ce ne sont pas nécessairement les plus mauvais.
4. La corrélation entre la durée des études et la qualité de la recherche, trop souvent exhibée en France, ne me semble pas être le meilleur critère de la qualité du chercheur. A partir de bac plus 5 ou 6, ce ne sont pas les connaissances de base, supposées acquises (à l’exception sans doute de la médecine), qui importent le plus, mais d’autres qualités, fort différentes : imagination, capacité d’innovation, prise de recul, … Même sans revenir à Einstein, les exemples abondent en ce domaine.
5. L’opposition entre privé et public n’est pas essentielle, c’est plutôt la complémentarité entre les deux secteurs qui pose problème.
Dans la plupart des pays développés, en particulier aux USA, mais pas seulement, la plupart des grandes découvertes s’est faite dans le cadre privé, car telle est leur culture. C’est plus mitigé en Grande Bretagne, où la réputation d’excellence de Cambridge – et ses 83 prix Nobel - n’est plus à faire : cette Université, si elle est en grande partie financée par des fonds privés, reçoit aussi des subventions publiques.
D’où une première recommandation pour la France, dont le passé et les structures actuelles sont beaucoup plus étatiques et centralisatrices, Louis XI, Colbert, Jacobinisme et bonapartisme obligent. Il faut favoriser les échanges entre public et privé, et exiger que les financements publics soient associés à des contrats d’objectifs de relativement court terme (entre 4 et 10 ans, pour fixer les idées), objectifs favorisant si possible le développement durable.
Ceci doit s’appliquer à tous les organismes vivant, peu ou prou, des subsides publics, y compris donc pour le C.N.R.S.
Une deuxième recommandation : penser à la fin de carrière des chercheurs ‘public’, et à leur reconversion éventuelle, dès leurs débuts. Un ex-chercheur peut fort bien devenir un ‘administratif éclairé’ – il saura au moins que la recherche ne consiste pas à relever au trombone près l’état des ressources de son laboratoire. Il peut aussi devenir un patron ‘politique’ de Laboratoire, qui défendra ses chercheurs devant les autorités (in-)compétentes, tels Louis Leprince-Ringuet, dont les qualités de patron de laboratoire à Polytechnique ont été encensées par les brillants chercheurs qui ont pu travailler avec lui, même si ses qualités de chercheur leur étaient inférieures, ce qui montre à la fois son humilité – accepter cet état de fait, et son intelligence. Certains chercheurs peuvent aussi devenir enseignants, même si ce ne sont pas du tout les mêmes qualités à mettre en oeuvre.
Dernière recommandation : s’attaquer au problème franco-français qui récompense davantage l’ancienneté que le ‘mérite’. Il n’est pas déshonorant, je pense, d’avoir une rémunération qui stagne à partir d’un certain âge. Dans certains métiers, il me semble que ce devrait être évident, la sagesse et l’expérience acquises ne compensent pas nécessairement tout.
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