Pouvoir d’achat et emploi vont de pair.
Je suis rarement d’accord avec la CGT, et en particulier avec ses slogans. Mais les faits sont là. La France s’enfonce de plus en plus vite dans une crise globale, et bientôt plus personne ne va pouvoir se risquer à en prévoir le dénouement, et encore moins contrôler son évolution.
Chacun s’est déjà exprimé sur les causes, réelles ou supposées, de cette crise, en y mêlant plus ou moins subtilement sa propre idéologie. Mais désigner des responsables – spéculateurs avides, banquiers irresponsables, capitalistes sans scrupules, syndicalistes corporatistes, anarchistes sans projets, gouvernants aveugles, collaborateurs paresseux, manageurs incompétents, j’en passe sûrement – ne nous avance pas vraiment, la nature humaine étant ce qu’elle est.
Du pain et du travail pour tous.
Je vais plutôt repartir du dernier slogan de la CGT : du pain et du travail pour tous (en oubliant ‘juste’ l’idéologie sous-jacente : mort aux patrons), car il correspond, je pense, à la fois à un véritable objectif, et à une sortie de crise pour tous.
Soyons clairs. Il ne s’agit pas de se rallier à une théorie économique quelconque – mes billets précédents ont tenté de montrer que l’économie n’était pas une science – et donc d’appeler les mannes de Keynes ou de Marx ou de Schumpeter à la rescousse, mais de partir du constat que chacun peut faire.
La production industrielle a diminué en France de plus de 13%, les capacités automobiles sont sur-excédentaires, le chômage est en train d’exploser, la récession annoncée pour la France dépassera 1% (et sûrement plus, si rien n’est fait), en Allemagne et en UK on annonce plus de 3% de récession, la croissance de la Chine va passer de 10% à un petit 2%.
Les réformes (nécessaires) envisagées ne sont pas d’actualité.
Chacun sent bien que cela ne peut durer. Je ne suis pas contre la majorité des réformes annoncées pendant la campagne présidentielle. Mais continuer à annoncer imperturbablement un train de réformes gouvernementales qui n’auront aucun effet économique à court moyen terme, en dehors d’exaspérer et d’angoisser un peu plus les français, est une grave erreur.
Que l’on pense, ou non, que les structures actuelles de la France sont obsolètes et archaïques n’a donc pas beaucoup d’importance « ici et maintenant ». Il s’agit de rendre enfin de l’espoir aux millions de français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, aux millions de travailleurs pauvres, aux millions de chômeurs, cela me semble être le devoir de tout gouvernement digne de ce nom, qu’il soit de droite, du centre, ou de gauche.
Un jeu pitoyable entre les banques et l’état.
L’état dit prêter de l’argent aux banques, les banquiers répondent qu’il leur faut regonfler leurs fonds propres (dilapidés par qui ?) avant de pouvoir prêter à « l’économie réelle », pendant que les français regardent, scandalisés, les montants colossaux que cela représente.
« Aboule le fric » a-t’on envie de hurler. Au lieu de cela, l’Elysée fait les gros yeux, et demande aux patrons des banques un peu de retenue dans leur rémunération pharamineuse. La solution, juridique ou non, était cependant simple : les banquiers qui ont failli doivent être licenciés. Un bon patron doit être bien payé, un mauvais, dehors. Qu’ils aillent dont porter plainte après cela, leurs comptes seront enfin mis en évidence, et leurs erreurs de gestion aussi.
Une relance économique indispensable, consommation et investissement.
Les salaires ne peuvent sans doute pas être augmentés de façon globale par des entreprises déjà exsangues, contrairement à ce que suggère la CGT. Il est pourtant indispensable de relancer le pouvoir d’achat, en reprenant cette fois la demande de ce syndicat.
Au lieu donc de prêter, ou de donner, des dizaines ou des centaines de milliards aux banques – qui tels Harpagon se contentent de les thésauriser – donnons les directement aux français, sans passer par les entreprises. C’est le but du RMD, 35 milliards par mois, ce n’est pas rien, mais en substitution à beaucoup d’aides sociales, et en complément de salaires, cela aura un impact direct et rapide sur le pouvoir d’achat, et donc le pouvoir de consommer, et, par conséquence, sur la santé des entreprises dont le carnet de commandes s’est réduit comme peau de chagrin.
Cette mesure n’aura aucun impact inflationniste, puisque les entreprises tournent à 70 à 80% de leurs capacités, et encore, et stoppera net l’évolution apocalyptique du chômage. Ces entreprises pourront recommencer à espérer dans l’avenir, du moins celles qui produisent des biens et services correspondant à ce que souhaitent acheter les consommateurs potentiels, dont le pouvoir d’achat se verra ainsi brutalement augmenter de 625 euros par mois, et ce de façon permanente.
Cela n’efface évidemment pas les faiblesses éventuelles de l’appareil productif français, en particulier au niveau des infrastructures routières, et surtout ferroviaires et énergétiques. En ce qui concerne ces investissements, l’Etat peut lui aussi intervenir de façon massive, en collaboration avec les collectivités territoriales. Mais là encore, pas besoin des banques, si elles persistent dans leur mauvaise volonté.
Trois problèmes subsistent : déficit commercial, déficit budgétaire, et traités européens.
Je reviendrai sur ces trois points dans des billets ultérieurs.
Qu’il suffise ici de dire qu’en ce qui concerne le déficit commercial, déjà abyssal, cela n’a pas vraiment empêché G.W. Bush, ni sur ce point B. Obama, de prendre des mesures de relance ‘colossales’ – même si elles ne reprennent pas l’idée du RMD.
En ce qui concerne le déficit budgétaire, il ne sera guère plus important en finançant directement les français qu’en finançant la création monétaire des banques, surtout lorsque ces dernières ne jouent pas le jeu.
Quant à la solidarité européenne et aux éventuels règlements auxquels de telles mesures contreviendraient éventuellement, deux débuts de réponse. Le RMD pourrait être institué au niveau européen (25% du PIB de chaque pays y étant consacré), et la relance de l’économie française ne peut être qu’une bonne nouvelle, si des mesures similaires sont prises au niveau européen. Il ne s’agit nullement de prendre des parts de marché à l’Allemagne ou à l’Espagne ou à l’Italie, mais de faire en sorte que l’ensemble du marché européen croisse, si possible en direction de développement durable et écologique, c'est-à-dire respectueux de l’environnement, et plus encore des êtres humains qui y vivent.
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